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Sample translations submitted: 1
French to Spanish: Discours d'Enjolras General field: Art/Literary Detailed field: Poetry & Literature
Source text - French
Discours d’Enjolras
Les misérables, Victor Hugo
Tome V- Jean Valjean
Texte annoté par Guy Rosa, professeur à l’Université Paris-Diderot
Enjolras était debout sur l’escalier de pavés, un de ses coudes sur le canon de sa carabine. Il songeait ; il tressaillait, comme à des passages de souffles ; les endroits où est la mort ont de ces effets de trépieds. Il sortait de ses prunelles, pleines du regard intérieur, des espèces de feux étouffés. Tout à coup, il dressa la tête, ses cheveux blonds se renversèrent en arrière comme ceux de l’ange sur le sombre quadrige fait d’étoiles, ce fut comme une crinière de lion effarée en flamboiement d’auréole, et Enjolras s’écria :
– Citoyens, vous représentez-vous l’avenir ? Les rues des villes inondées de lumières, des branches vertes sur les seuils, les nations sœurs, les hommes justes, les vieillards bénissant les enfants, le passé aimant le présent, les penseurs en pleine liber- té, les croyants en pleine égalité, pour religion le ciel, Dieu prêtre direct, la conscience humaine devenue l’autel, plus de haines, la fraternité de l’atelier et de l’école, pour pénalité et pour récompense la notoriété, à tous le travail, pour tous le droit, sur tous la paix, plus de sang versé, plus de guerres, les mères heureuses ! Dompter la matière, c’est le premier pas ; réaliser l’idéal, c’est le second. Réfléchissez à ce qu’a déjà fait le progrès. Jadis les premières races humaines voyaient avec terreur passer devant leurs yeux l’hydre qui soufflait sur les eaux, le dragon qui vomissait du feu, le griffon qui était le monstre de l’air et qui volait avec les ailes d’un aigle et les griffes d’un tigre ; bêtes effrayantes qui étaient au-dessus de l’homme. L’homme cependant a tendu ses pièges, les pièges sacrés de l’intelligence, et il a fini par y prendre les monstres.
Nous avons dompté l’hydre, et elle s’appelle le steamer ; nous avons dompté le dragon, et il s’appelle la locomotive ; nous sommes sur le point de dompter le griffon, nous le tenons déjà, et il s’appelle le ballon. Le jour où cette œuvre prométhéenne sera terminée et où l’homme aura définitivement attelé à sa vo- lonté la triple Chimère antique, l’hydre, le dragon et le griffon, il sera maître de l’eau, du feu et de l’air, et il sera pour le reste de la création animée ce que les anciens dieux étaient jadis pour lui. Courage, et en avant ! Citoyens, où allons-nous ? À la science faite gouvernement, à la force des choses devenue seule force publique, à la loi naturelle ayant sa sanction et sa pénalité en elle-même et se promulguant par l’évidence, à un lever de vérité correspondant au lever du jour. Nous allons à l’union des peuples ; nous allons à l’unité de l’homme. Plus de fictions ; plus de parasites. Le réel gouverné par le vrai, voilà le but. La civilisation tiendra ses assises au sommet de l’Europe, et plus tard au centre des continents, dans un grand parlement de l’intelligence. Quelque chose de pareil s’est vu déjà. Les amphitryons avaient deux séances par an, l’une à Delphes, lieu des dieux, l’autre aux Thermopyles, lieu des héros. L’Europe aura ses amphictyons ; le globe aura ses amphictyons. La France porte cet avenir sublime dans ses flancs. C’est là la gestation du dix-neuvième siècle. Ce qu’avait ébauché la Grèce est digne d’être achevé par la France. Écoute-moi, toi Feuilly, vaillant ou- vrier, homme du peuple, hommes des peuples. Je te vénère. Oui, tu vois nettement les temps futurs, oui, tu as raison. Tu n’avais ni père ni mère, Feuilly; tu as adopté pour mère l’humanité et pour père le droit. Tu vas mourir ici, c’est-à-dire triompher. Citoyens, quoi qu’il arrive aujourd’hui, par notre défaite aussi bien que par notre victoire, c’est une révolution que nous allons faire. De même que les incendies éclairent toute la ville, les révolutions éclairent tout le genre humain. Et quelle révolution ferons-nous ? Je viens de le dire, la révolution du Vrai. Au point de vue politique, il n’y a qu’un seul principe – la souveraineté de l’homme sur lui-même. Cette souveraineté de moi sur moi s’appelle Liberté. Là où deux ou plusieurs de ces souverainetés s’associent commence l’État. Mais dans cette association il n’y a nulle abdication. Chaque souveraineté concède une certaine quantité d’elle-même pour former le droit commun. Cette quantité est la même pour tous. Cette identité de concession que chacun fait à tous s’appelle Égalité. Le droit commun n’est pas autre chose que la protection de tous rayonnant sur le droit de chacun. Cette protection de tous sur chacun s’appelle Fraternité. Le point d’intersection de toutes ces souverainetés qui s’agrègent s’appelle Société. Cette intersection étant une jonction, ce point est un nœud. De là ce qu’on appelle le lien social. Quelques-uns disent contrat social, ce qui est la même chose, le mot contrat étant étymologiquement formé avec l’idée de lien. Entendons-nous sur l’égalité ; car, si la liberté est le sommet, l’égalité est la base. L’égalité, citoyens, ce n’est pas toute la végétation à niveau, une société de grands brins d’herbe et de petits chênes ; un voisinage de jalousies s’entre-châtrant ; c’est, civilement, toutes les aptitudes ayant la même ouverture ; politiquement, tous les votes ayant le même poids ; religieuse- ment, toutes les consciences ayant le même droit. L’Égalité a un organe: l’instruction gratuite et obligatoire. Le droit à l’alphabet, c’est par là qu’il faut commencer. L’école primaire imposée à tous, l’école secondaire offerte à tous, c’est là la loi. De l’école identique sort la société égale. Oui, enseignement ! Lumière ! lumière ! tout vient de la lumière et tout y retourne. Citoyens, le dix-neuvième siècle est grand, mais le vingtième siècle sera heureux. Alors plus rien de semblable à la vieille histoire ; on n’aura plus à craindre, comme aujourd’hui, une con- quête, une invasion, une usurpation, une rivalité de nations à main armée, une interruption de civilisation dépendant d’un mariage de rois, une naissance dans les tyrannies héréditaires, un partage de peuples par congrès, un démembrement par écroulement de dynastie, un combat de deux religions se ren- contrant de front, comme deux boucs de l’ombre, sur le pont de l’infini ; on n’aura plus à craindre la famine, l’exploitation, la prostitution par détresse, la misère par chômage, et l’échafaud, et le glaive, et les batailles, et tous les brigandages du hasard dans la forêt des événements. On pourrait presque dire : il n’y aura plus d’événements. On sera heureux. Le genre humain accomplira sa loi comme le globe terrestre accomplit la sienne ; l’harmonie se rétablira entre l’âme et l’astre. L’âme gravitera autour de la vérité comme l’astre autour de la lumière. Amis, l’heure où nous sommes et où je vous parle est une heure sombre ; mais ce sont là les achats terribles de l’avenir. Une révolution est un péage. Oh ! le genre humain sera délivré, relevé et consolé ! Nous le lui affirmons sur cette barricade. D’où poussera-t-on le cri d’amour, si ce n’est du haut du sacrifice ? Ô mes frères, c’est ici le lieu de jonction de ceux qui pensent et de ceux qui souffrent ; cette barricade n’est faite ni de pavés, ni de poutres, ni de ferrailles ; elle est faite de deux monceaux, un monceau d’idées et un monceau de douleurs. La misère y ren- contre l’idéal. Le jour y embrasse la nuit et lui dit : Je vais mourir avec toi et tu vas renaître avec moi. De l’étreinte de toutes les désolations jaillit la foi. Les souffrances apportent ici leur agonie, et les idées leur immortalité. Cette agonie et cette immortalité vont se mêler et composer notre mort. Frères, qui meurt ici meurt dans le rayonnement de l’avenir, et nous entrons dans une tombe toute pénétrée d’aurore.
Enjolras s’interrompit plutôt qu’il ne se tut ; ses lèvres remuaient silencieusement comme s’il continuait de se parler à lui-même, ce qui fit qu’attentifs, et pour tâcher de l’entendre encore, ils le regardèrent. Il n’y eut pas d’applaudissements ; mais on chuchota longtemps. La parole étant souffle, les frémissements d’intelligences ressemblent à des frémissements de feuilles.
Translation - Spanish Enjolras estaba de pie sobre las escaleras de adoquines, con el codo apoyado en el cañón de su carabina. Pensaba, se estremecía, como en un pasaje de suspiros, esos lugares en los que la muerte parece aguardar en un trípode. De su mirada, profunda, brotaban como fuegos sofocados. De pronto, alzó la cabeza y sus cabellos rubios se echaron hacia atrás, como los de un ángel sobre la sombría cuadriga que trae las estrellas, como una melena de león que de pronto estalla en una aureola, y exclamó Enjolras:
—¡Ciudadanos!, ¿os imagináis el futuro? ¡Las calles de las ciudades inundadas de luz, las ramas verdes sobre los umbrales; las naciones, hermanas; los hombres, justos; los ancianos bendiciendo a los niños; el pasado que ama al presente; los pensadores en total libertad; los creyentes en total igualdad; por religión, el cielo; Dios como sacerdote, la conciencia humana convertida en altar, no más odio, la fraternidad como estudio y escuela, como pena y recompensa la notoriedad, trabajo para todos, derecho para todos, sobre todos la paz, no más sangre derramada, no más guerras, madres felices! El primer paso es dominar la materia; el segundo, alcanzar el ideal. Pensad en lo que ya ha logrado el progreso. Antaño los primeros seres humanos, aterrorizados, veían pasar ante sus ojos la hidra que soplaba sobre las aguas, el dragón que escupía fuego; el grifo, monstruo del aire que volaba con alas de águila y garras de tigre; bestias aterradoras que estaban por encima del hombre.
Sin embargo, el hombre tendió trampas, las trampas sagradas de la inteligencia, y terminó por atrapar a los monstruos.
Domamos a la hidra y se llama barco de vapor, domamos al dragón y se llama locomotora, estamos domando al grifo, ya lo tenemos, y se llama globo. El día en el que concluya esta obra prometeica y el hombre haya plegado definitivamente a su voluntad a la hidra, el dragón y el grifo será señor del agua, el fuego y el aire; será para el resto de la creación animada lo que antaño eran para él los antiguos dioses. ¡Valor y adelante! Ciudadanos, ¿a dónde vamos? Hacia la ciencia hecha gobierno, hacia la fuerza de las cosas convertida en la única fuerza pública, hacia la ley natural con sanción y penalidad en sí misma, hacia un nacer de la verdad que sea como el nacer del día. Vamos hacia la unión de los pueblos, vamos hacia la unión del hombre. No más cuentos, no más parásitos. Lo real gobernado por lo verdadero, he ahí el objetivo. La civilización tendrá los cimientos en la cumbre de Europa y más tarde en el centro de los continentes, en un gran parlamento de inteligencia. Ya se ha visto algo parecido. La liga anfictiónica se reunía dos veces al año, una en Delfos, sitio de dioses; y otra en las Termópilas, sitio de héroes. Europa tendrá a sus anfictiónicos, el mundo tendrá a sus anfictiónicos. Francia lleva en su costado ese futuro sublime. Esa es la gestación del siglo diecinueve. Lo que logró Grecia es digno de logro para Francia. Escúchame tú, Feuilly, obrero valiente, hombre del pueblo, hombre de pueblos. Te venero. Sí, ves con claridad el futuro; sí, tienes razón. Feuilly, tú no tenías padre ni madre; adoptaste como madre a la humanidad y como padre el derecho. Vas a morir aquí, es decir a triunfar. Ciudadanos, pase lo que pase hoy, sea nuestra derrota o sea nuestra victoria, habremos hecho una revolución. Igual que los incendios iluminan la ciudad, las revoluciones iluminan a los seres humanos. ¿Qué revolución haremos? Acabo de decirlo, la revolución de la Verdad. Sólo hay un principio desde el punto de vista político, el de la soberanía del hombre sobre sí mismo. Esta soberanía de uno sobre uno se llama Libertad. Cuando se asocian dos o más soberanías empieza el Estado. Pero no hay abdicación en esta asociación. Cada soberanía concede una pequeña cantidad de sí para crear el derecho común. Esta cantidad es la misma para todos. Esta identidad de concesión que cada uno hace a todos se llama igualdad. El derecho común no es sino la protección del derecho de todos que irradia del derecho de cada uno. Esta protección de todos por encima de uno se llama Fraternidad. El punto de intersección de todas estas soberanías que se suman se llama Sociedad. Esta intersección es una confluencia, un nudo y por ello lo llamamos vínculo social. Algunos lo llaman contrato social, que es lo mismo, ya que la palabra contrato se forma etimológicamente con la idea de vínculo. Pero hablemos de la igualdad, pues, si la libertad es la cumbre, la igualdad es la base. La igualdad, ciudadanos, no es vegetación al mismo nivel, es una sociedad de grandes briznas de hierba y de encinas pequeñas; un vecindario de celos que se entrecruzan; desde el punto de vista civil, es que todas las aptitudes tenga el mismo alcance; desde el punto de vista político, es que todos los votos tengan el mismo peso; desde el de la religión, es que todas las conciencias tengan el mismo derecho. El instrumento de la igualdad es la educación gratuita y obligatoria. Debemos empezar por el derecho a la alfabetización. Escuela primaria obligatoria para todos, secundaria abierta para todos; eso es la ley. De la misma escuela surge una sociedad igualitaria. ¡Enseñanza, sí! ¡Luz! ¡luz! todo viene de la luz y todo vuelve a ella. Ciudadanos, el siglo diecinueve es grande, pero el veinte será feliz. No será como la vieja historia; ya no tendremos miedo, como hoy, a la conquista, a una invasión, usurpación, rivalidad armada entre naciones, interrupción de la civilización que dependa del matrimonio de los reyes, un renacimiento de las tiranías hereditarias, división de pueblos por un congreso, un desmembramiento por el derrumbe de dinastías, una lucha de dos religiones que se encuentran de frente, como dos carneros de la sombra sobre el puente del infinito; ya no temeremos el hambre, la explotación, la prostitución por el desamparo, la miseria del paro, el cadalso, la espada, las batallas y todas las fechorías del azar en el bosque de los acontecimientos. Casi podríamos decir que no habrá acontecimientos. Seremos felices. La humanidad cumplirá su ley, igual que el planeta cumple la suya; se restablecerá la armonía entre alma y astro. El alma gravitará en torno a la verdad como el astro en torno a la luz. Amigos, este momento en el que os hablo es uno sombrío, pero es el precio terrible del futuro. Una revolución es un peaje. ¡Ah! ¡La humanidad será liberada, confortada y consolada! Lo afirmamos en esta barricada. ¿Desde dónde impulsaremos los gritos de amor, si no desde el sacrificio? Oh, hermanos míos, aquí es donde se unen los que piensan y los que sufren; esta barricada no está hecha de adoquines, vigas o chatarra, sino de dos montones, uno de ideas y otro de dolor. La miseria se une al ideal. El día abraza a la noche y le dice: «Moriré contigo y renacerás conmigo». Del asedio de toda desolación nace la fe. Aquí el sufrimiento aporta la agonía y las ideas, la inmortalidad. Esa agonía y esa inmortalidad se unirán y compondrán nuestra muerte. Quien muera aquí, hermanos, morirá en el amanecer del futuro; y entraremos en una tumba inundada por la aurora.
Enjolras se interrumpió en vez de callarse. Sus labios se movían en silencio, como si siguiera hablando consigo mismo y eso hacía que ellos, atentos e intentando oírle, le miraran. No hubo aplausos, aunque los susurros continuaron durante mucho rato. Las voces eran suspiros y el temblar de las mentes se parecía al de las hojas.
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